Perspectives,Vues,Vue d'Optique,Mondo Nuovo; tous ces noms ont été employés pour décrire une forme de gravure spécifiquement destinée à être vue avec un ensemble de miroirs et de lentilles spécialement agencés pour créer une perspective saisissante. Le dispositif le plus commun employé était le Zograscope. Ces gravures étaient les signes avant-coureur du stéréoscope et des images en trois dimensions développées au 19ème Siècle.
Les vues d'Optique ont un certain nombre de points communs : elles ont été généralement gravées à l'eau-forte dans le cuivre et classées comme "demi-fines" un intermédiaire entre les gravures fines et les copies populaires naïves. Tous les sujets représentés étaient horizontaux, fortement colorés avec des verts profonds, le carmin et le jaune: le ciel a été généralement représenté par une bande horizontale de bleu profond au dessus de l'image.
Les scènes représentées étaient des villes, le plus souvent des capitales d'Europe, mais aussi la Terre Sainte: rues, fleuves et ports célèbres; jardins publics et privés; et les manupulations permanentes nécessaires pour les positionner a entraîné une grande destruction des copies produites et un seul un très faible pourcentage a survécu de nos jours.
Vue de La Place Louis XV, vers 1800
D'abord appelé Perspectives en 1717, le termeVues d'Optique et les machines d'observation semblent apparaître autour de 1740. Aussi tôt que 1677, une forme de "camera obscura" a été décrite, mais ce ne serait pas applicable aux travaux de cette nature. Londres, considéré comme le centre de publication de gravure en Europe à l'époque, est généralement admis comme origine de cette forme de gravure topographique produite dans le premier quart du 18ème Siècle.
Les éditeurs de Paris furent prompts à suivre Londres avec des copies des perspectives, mais c'est à Augsburg, où l'on a catalogué plus de dix mille "vues", que l'importance et l'impact de ces images furent le mieux compris.
Vue de la Place des Victoires à Paris vers 1795
Aussi, la classe des marchands, de plus en plus influente en Angleterre et en Europe, cherchait des distractions de fin de soirée. Les vues d'optique étaient donc idéales pour eux. Les éditeurs ont entretenu un flot stable de nouvelles images et celles-ci ont toutes été achetées rapidement. Les foires itinérantes ont offert toutes les formes de divertissement pour la population rurale, qui dans sa majorité n'avait jamais vu une grande ville, à plus forte raison un emplacement étranger dans une autre partie de l'Europe ou de l'Est Exotique.
Des forains ont donc fourni à ces populations un voyage imaginaire au moyen des Vues d'Optique, ou "Mondo Nuovo" qui était une particularité principale aux foires de pays italiennes. Ces gravures, qui avaient été raidies avec du carton, dont les ouvertures étaient couvertes avec des papiers convenablement colorés, huilés, placés verticalement dans une boîte d'observation rétro-éclairée avec des bougies, de manière à ce que le spectateur regardait l'image à travers une lentille.
Ces Vues d'Optique étaient aussi populaires dans les salons à la mode de Romke; Longhi et Tiepolo ont peint l'aristocratie s'amusant dans ces salons.
Les Vue d'Optique et leurs "cousins" furent pratiquement le premier moyen pour apporter une vision plus large du monde à un grand public européen. Leur naïveté et le contenu décoratif en font un complément fascinant au répertoire de la gravure d'images.
Source :Charles Hewitt, Australie
Zograscope - fin 18ème - début 19ème
Moyen de visualisation de Vues d'Optique- le Zograscope était ordinairement un dispositif placé sur une table constitué d'un pied en bois soutenant un miroir à charnière et la lentille. Quelques modèles, tel celui-ci, étaient dotés d'un trépied.